Je vous invite à une petite balade …
...qui commence à dater mais qui laisse encore d’intenses
souvenirs, c’est la Diagonale des fous. Il y a Pierre, le vétéran, Claude, le
sage, Fred B., le fougueux, Bertrand, le costaud, et moi !
Départ ce jeudi 17 octobre à 22H, théâtralement orchestré
avec concert, feu d’artifice …, c’est la fête, mais nous ne pensons qu’à nous
mesurer à ces monstres que sont le Taïbit, le Maido, et autres promenade des
anglais, après des mois de préparation ! Parlons-en du départ : pour
une course de 166 kms et 9642m, c’est parti comme des balles, trois coureurs
chutent juste devant moi, on se croirait sur un 10 kilos, truc de fou oui ….
Nous voici rendus à la nuit, au calme, et au souffle des
coureurs, on se prend près de 2000m de dénivelée d’entrée jusqu’à l’aire du nez
de bœuf, vu de mon allure, au petit matin ! Là, je n’en crois pas mon bout
de nez ni des yeux, c’est gelée blanche, et pas qu’une petite…mes mains me font
bien comprendre que non, je n’hallucine pas après mes 14 premières heures de
course…ensuite nous traversons des prairies dignes de bocages normands, avec
des vaches (si, si !) avant d’attaquer les fameux coteaux de Kerveguen.
Nous sommes bien à la Réunion ! Le sol boueux entame autant le moral que
les mollets, bien que ça descende pas mal. C’est que mare à boue n’est pas loin
non plus ! Heureusement, contrairement à son nom, l’endroit est sec. Le
soleil est déjà haut, et je me prends un premier bon coup de barre, ça ne
prévient pas.
Vendredi, 12H42. Ca y est, je me suis complètement vidée.
Encore les problèmes d’estomac. Mais je suis arrivée à la première base vie de
Cilaos, après 2kilos de bitume, une portion plutôt reposante, après les
terrains bien techniques et casse gueule d’avant. Dans le stade, il y a
podologues, kinés…et douche froide, mais ça fait du bien ! Le public et
les supporters sont là aussi !
Direction ensuite le Taïbit, où je retrouve Claude qui se
bat contre ses soucis gastriques également, combat malheureusement perdu bien
plus loin, au sommet du Maido, belle bagarre contre la nature…
Je grimpe alors en gérant l’effort au maximum, ça passe bien
malgré encore une petite vidange qui commence à laisser des traces, les forces
diminuent, les jambes sont raides, les plantes de pied en feu à force de taper
sur le sol. Mais sans sommeil, cela commence à être dur. Sur conseil d’un
médecin, je décide de dormir alors que je suis prête à abandonner (Fred D.le
mien est prévenu par un SMS de désespoir : je ne garde plus l’eau, c’est
la cata). Par dépit, à Grand Place les hauts, au 100ième, je décide de me
forcer à dormir sur conseil des médecins, mais sans mettre de réveil, on verra
bien ! Je m’enveloppe dans ma couverture de survie (avec boules quies,
loup sur les yeux et buf par-dessus !), et m’allonge à même le sol, pas le
choix. Au bout de 4H, de me réveille, et je décide de repartir quand
même : une fois dans Mafate, tu n’as que tes jambes pour en sortir, et
c’est ce qui a sauvé ma course… Mais c’est que ça va beaucoup mieux !
Je grignote deux trois sucreries et repars « seule dans
la nuit froide », brrr, trop chouette, quelle aventure, wow…Bon il est
4H15, en ce samedi matin, le jour se lève dans peu de temps …Vers 7H, qui
vois-je au loin ? Bertrand et Pierre ! Je me hâte aussi lentement que
possible pour arriver à leur hauteur. Concentration maximum, et arrivée à 7H43
à Roche Plate avant d’attaquer le Maido 15 mns plus tard. Pierre connaît par
cœur le trajet il nous explique les points de vigilance, les opportunités de
site, que du bonheur. Après une arrivée au sommet digne d’un tour de France,
nous reprenons des forces au ravito suivant à 2kilomètres pour entamer une
descente de 16 kilos et 1900 mètres…on a le temps de faire nos plans sur la
suite de la course ! Ce prochain ravito est en effet la deuxième (ou la
dernière !) base vie, îlet Savanah. Pas de douche, mais repas conséquent
pour tout le monde : j’ai faim !! Miam, repas chaud, puis séquence
régénération (moral via téléphone, physique via lingettes, pansements, etc …).
Départ 1H après pour le dernier tiers de la course, toujours en trinôme jusqu’à
la fin. Grosse ambiance à l’arrivée à Possession, grosse fatigue sur la
promenade des anglais, et ses gros pavés de lave noire, de nuit (c’est bien
mieux pour éviter les coups de chaud), gros bobos pour Bertrand avec une
cheville en feu et un genou défaillant pour moi. Mais on sait qu’on tient notre
objectif, il faut passer outre la douleur. La montée du Colorado finit de nous
sécher, le ravito nous enchante avec les pains au chocolat notamment, sur des
stands lesquels tout au long de la course sont hyper bien garnis. On aperçoit
après ce dernier ravito les lueurs de la ville de St Denis, c’est la fin, on
était bien dans notre aventure, presque déçue que cela se termine
« déjà ». Cela nous aura occupés 56 heures durant, Fred en 48 heures,
respect !! Une émotion inouïe à l’arrivée, entourés de nos plus fidèles
soutiens ou amis. Il est 7H, l’heure d’un bon rougail saucisses !
Pas facile de résumer en si peu de mots cette course !Ci-dessus, après Nez de boeuf
Coteau Kerveguen
Entre Ilet Savanna (2ème base vie), et chemin Ratineau
Le Maïdo !
Le Maido est à nous !
Nous avons suivi votre aventure via le live chrono, mais c'est bien mieux quand c'est toi qui raconte Séverine! Et je suis sûr que vous avez pleins d'anecdotes à nous raconter de vive voix. Merci pour ce CR, bonne récup et à très bientôt pour de nouvelles aventures.
RépondreSupprimerBravo à tous pour cette belle course !! Chapeau bas les artistes !
RépondreSupprimerEt merci pour le récit et les photos qui donnent une petite idée de l'aventure.
Bravo à tous et merci pour ce résumé. Ayant suivi le live, vos arrêts bien mérites m'ont donnés des inquiétudes. Vous savoir bien arrivés Bravo et encore bravo
RépondreSupprimerWouah !!! Merci pour le résumé et bonne récupération surtout
RépondreSupprimerbravo à tous
BRAVO et un grand merci pour le partage de votre aventure ... de fous... Chapeau bas les artistes, respect et à bientôt !
RépondreSupprimerMerci pour ce super compte-rendu, bravo pour la performance!!!
RépondreSupprimerSuperbe récit
RépondreSupprimerDeux mots. Bravo et respect
Magnifique résumé, on s'y croirait ! Encore merci à vous tous pour vos encouragements pendant ces journées de folie et bravo à tous les 4 autres fous!
RépondreSupprimerOhlalala, merci pour ce récit qui retrace votre incroyable aventure!
RépondreSupprimerJe suis très impressionnée de votre courage.
Bravo à vous toux.